lundi 24 décembre 2012

Face aux périls écologiques, les urgences d'une planète surpeuplée 24.10.11 | 12:06 | LE MONDE Rémi Barroux, Marie-Béatrice Baudet, Paul Benkimoun, Sophie Landrin et Gilles van Kote

Le rapport recense 35 pays (dont 28 d'Afrique) ayant besoin d'une aide alimentaire d'urgence. AFP/ROBERTO SCHMIDT

La Terre souffre de l'homme qui lui demande de plus en plus de ressources pour survivre et combler ses aspirations à la consommation. Les progrès technologiques permettront-ils d'éviter un épuisement total de notre planète ?

MANGER

Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la croissance démographique nécessitera une augmentation de la production agricole de 50 % d'ici à 2030 et de 70 % d'ici à 2050. Pour la majorité des experts, la Terre a le potentiel pour répondre à ces objectifs et nourrir les 9 milliards d'habitants qu'elle devrait compter en 2050.

Mais à quel prix ? En 2009, l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) se sont livrés à un petit exercice prospectif. Dans le cadre de l'enquête Agrimonde, leurs chercheurs ont imaginé deux scénarios : dans le premier, les tendances actuelles se prolongent d'ici à 2050, et priorité est donnée à la croissance économique et au "bien-être immédiat des hommes" ; le second privilégie "la durabilité des systèmes agricoles et agroalimentaires".

Le premier cas de figure entraîne une hausse de 590 millions d'hectares des surfaces cultivées ou utilisées pour l'élevage (un milliard et demi d'hectares sont exploités aujourd'hui), une perte de biodiversité, une montée des problèmes environnementaux et une accélération du changement climatique.

Autant de phénomènes évités par le scénario alternatif. Mais celui-ci suppose une convergence mondiale vers un nouveau mode de consommation : les disponibilités alimentaires seraient alors de 3 000 kilocalories par jour et par personne (dont 500 d'origine animale), soit une diminution de 25 % en moyenne pour les populations des pays riches par rapport à leur régime actuel, mais une augmentation d'autant pour les habitants d'Afrique subsaharienne.

La nécessité d'une transition vers un nouveau modèle agricole mondial est de plus en plus évoquée, y compris au sein des institutions internationales : "Il faut garantir une transition des systèmes alimentaires et agricoles vers des systèmes moins gourmands en énergie fossile et moins polluants", écrivent ainsi les experts du Comité de la sécurité alimentaire, plate-forme des Nations unies, dans un rapport présenté lundi 17 octobre.

Dans 9 milliards d'hommes à nourrir (François Bourin, 432 p., 22 euros), livre qu'ils ont récemment cosigné, Marion Guillou et Gérard Matheron, qui président respectivement l'INRA et le Cirad, concluent sur six recommandations : accentuer les efforts de recherche ; mettre l'accent sur les partenariats internationaux et le partage d'informations ; réinvestir dans l'agriculture ; limiter la volatilité des prix des denrées alimentaires ; faire évoluer les modes de consommation ; repenser la gouvernance mondiale en matière de sécurité alimentaire.

"On peut gagner énormément, rien qu'en travaillant sur les irrationalités du système, affirme Olivier De Schutter, le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l'alimentation. On insiste beaucoup sur la nécessité de produire plus pour répondre à une demande en croissance. Mais on oublie les gaspillages alimentaires ou les biocarburants qui entrent en concurrence avec les cultures alimentaires..."

Selon une étude parue en 2009, 40 % de l'alimentation disponible aux Etats-Unis est gaspillée chaque année.

HABITER

Une personne sur deux vit en ville. Chaque année, le nombre de citadins augmente de 60 millions. En 2050, ils seront 6,3 milliards, soit 70 % de la population. Ces chiffres font tourner la tête. Il y a deux siècles, seules deux villes, Londres et Pékin, dépassaient le million d'habitants. En 1950, elles étaient 75 ; en 2008, 431. La planète compte désormais 21 villes de plus de 10 millions d'habitants.

L'urbanisation n'est plus un phénomène lié aux pays riches : alors que, dans les années 1950, Tokyo, New York, Londres et Paris occupaient les premières places dans le classement des villes, seule la capitale japonaise conserve désormais son titre de première agglomération mondiale, avec ses 36 millions d'habitants. Les grandes villes occidentales ont été supplantées par les mégacités indiennes et brésiliennes. Dans les trente prochaines années, le processus d'urbanisation proviendra surtout des pays en voie de développement, mais à une vitesse plus rapide que celle que connut l'Europe.

La physionomie de la planète est en pleine mutation, le Sud s'urbanise tandis que le Nord stagne. Dans les pays en développement, la population urbaine devrait doubler d'ici à 2050, alors que celle des pays développés, sous l'effet notamment de la baisse de la natalité, devrait diminuer. En un siècle, la population de New Delhi, en Inde, est passée de 238 000 habitants à 22 millions.

Dans un rapport de 2009 sur les 19 megacités de plus de 10 millions d'habitants, l'ONU souligne que ces géantes urbaines aggravent les inégalités sociales. Près d'un milliard d'habitants vivent dans des bidonvilles. Dans dix ans, selon les projections des Nations unies, ils seront 1,5 milliard, soit 40 % des citadins. La Chine et l'Inde - les deux pays les plus peuplés au monde - concentrent à elles seules 40 % des taudis de la planète.

Sur le plan écologique, tout reste à faire : les villes qui dévorent jour après jour de nouveaux espaces sont responsables de 80 % des émissions mondiales de CO2 et de 75 % de la consommation mondiale d'énergie. Les transports représentent un tiers des émissions de gaz à effet de serre.

APPROVISIONNER

En 2011, à en croire les calculs de l'ONG californienne Global Footprint Network (GFN), 270 jours ont suffi aux habitants de la planète pour consommer les ressources annuelles de la Terre. Il aura donc fallu moins de dix mois - le jour J est le 27 septembre - pour épuiser notre budget mondial. Ce seuil à partir duquel il faut vivre "à crédit" en puisant dans notre capital est franchi de plus en plus tôt. En 2000, il se situait début novembre.

Depuis 2003, GFN veut marquer les esprits en publiant chaque année l'empreinte écologique des milliards d'humains. L'indicateur est pionnier, et sa conception méthodologique souffre de biais, nul ne le conteste. Mais il a le mérite de souligner combien la croissance démographique pèse de plus en plus sur nos ressources naturelles, rendant leur accès de plus en plus conflictuel et destructeur.

Tous les jours, les effets de cette vie "à découvert" se font connaître : déforestation ; surexploitation des ressources marines ; accumulation de CO2 dans l'atmosphère ; stress hydrique... Les chiffres sont là. Treize millions d'hectares de forêts disparaissent chaque année, soit l'équivalent d'un terrain de football toutes les deux secondes.

Le 28 juillet 2010, l'Assemblée générale des Nations unies reconnaissait l'accès à l'eau potable comme "droit de l'homme". Une avancée historique. Pour autant, que va changer concrètement ce consensus mondial, pour les 2,9 milliards de personnes qui ne disposent pas d'un robinet chez elles ou à proximité ? Et les 2,6 milliards privées d'un assainissement de base ?

Les terres agricoles sont, elles aussi, de plus en plus disputées. Rognées par l'étalement urbain, elles sont également lorgnées par les promoteurs des biocarburants et les investisseurs privés. Selon des chiffres publiés fin septembre par l'ONG britannique Oxfam, 227 millions d'hectares, soit la superficie de l'Europe de l'Ouest, ont été vendus ou loués dans les pays en développement depuis 2001, principalement à des groupes internationaux. La majorité de ces terres ne devraient pas être exploitées. Les acquéreurs préfèrent jouer la carte de la spéculation foncière.

SE SOIGNER

Soigner, mais aussi renforcer les systèmes de santé et développer une prévention des maladies pour 7 milliards d'êtres humains, ne constitue pas le moindre des défis posés à notre planète. Que ce soit du côté des maladies transmissibles, à commencer par l'infection par le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme (responsables à eux trois d'environ 5 millions de décès par an dans le monde) ou bien de celui des maladies non transmissibles, qui ont tué 36 millions de personnes en 2008, selon les Nations unies, la réponse internationale demeure en deçà des besoins.

Les progrès accomplis en termes d'espérance de vie moyenne, passée de 52,5 ans en 1950 à 69,2 ans en 2009, sont menacés par les taux élevés de mortalité infantile et le poids des maladies transmissibles et non transmissibles dans les pays en développement. De même, l'épidémie mondiale de diabète et d'obésité, qui touche de manière prépondérante les populations les moins favorisées dans les pays développés, représente un facteur de risque qui alimente tant les maladies cardiovasculaires que les cancers.

Les maladies cardiovasculaires arrivent en tête des causes de mortalité dans le monde : 17,3 millions de morts en 2008, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), soit 30 % de l'ensemble des causes de décès. Contrairement à une idée reçue, 80 % des décès dus à des maladies cardiovasculaires surviennent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, et ils concernent autant les hommes que les femmes. Le cancer, quant à lui, est responsable de 7,6 millions de décès annuels, soit environ 13 % des causes de disparition. Ce nombre pourrait s'élever à 11 millions en 2030.

Le sida a révélé le fossé grandissant entre la santé dans les pays riches et les pays pauvres. Une mobilisation internationale massive a été enclenchée depuis dix ans pour tenter de le combler. Si des succès majeurs ont été obtenus, avec la mise sous traitement de 6,6 millions de personnes infectées par le VIH, l'Onusida calcule que 9 autres millions d'individus auraient, eux aussi, besoin de médicaments antirétroviraux.

Au-delà des efforts ponctuels et des structures permanentes, comme le Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme, la question posée est celle du développement de la prévention et du renforcement des systèmes de santé. Les échecs passés montrent à quel point il est indispensable de développer l'accès aux soins et à des conditions d'hygiène décentes pour freiner la propagation des maladies infectieuses et casser la dynamique croissante des maladies chroniques.

APPRENDRE

C'est une bombe à retardement. Provoquée par la crise économique, la baisse des aides et des investissements dans l'école risque d'être lourde de conséquences. Selon l'Unesco, il ne sera pas possible de généraliser d'ici à 2015 la scolarisation des enfants dans le primaire, pourtant l'un des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

Si les chiffres montrent (en trompe-l'oeil) une croissance assez nette d'un milliard de dollars (724,7 millions d'euros) entre 2008 et 2009, "une bonne partie de cette hausse provient des prêts de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), des prêts - et non des dons -, qui devront donc être remboursés", explique Elise Legault, chercheuse à l'Unesco.

Aggravant la situation, les Etats les plus influents dans les programmes d'aide bilatérale - qui représentent 67 % de l'aide à l'éducation de base en 2009 - réviseraient leurs dons à la baisse. "Certains pays, comme les Pays-Bas ou les Etats-Unis, prévoient des coupes importantes dans leur budget à l'éducation, or chacun d'entre eux donne environ 10 % de l'aide totale", estime l'Unesco. Principales victimes de cette moindre générosité ? Les pays les plus pauvres. Pour scolariser tous leurs enfants de moins de 10 ans d'ici à 2015, ils auraient besoin, chaque année, de 11,6 milliards d'euros. Ils n'en reçoivent que deux aujourd'hui.

La planète compte aujourd'hui 1,85 milliard d'enfants de moins de 15 ans, soit 26 % de la population mondiale. Demain, cette proportion ne devrait pas sensiblement varier. Mais une grande partie de l'humanité vivra en 2050 dans les régions du monde où la proportion d'enfants non scolarisés sera la plus importante. Actuellement, 30 millions d'enfants non scolarisés vivent déjà en Afrique subsaharienne et 16,3 millions en Asie du Sud et de l'Est. En 2008, le taux de scolarisation en Afrique subsaharienne était de 73 % alors qu'il atteignait 95 % en Amérique du Nord et en Europe occidentale.

Les guerres n'arrangent rien. Les deux tiers environ des enfants non scolarisés vivent dans des pays en conflit. Selon l'Unesco, une réduction de 10 % seulement des budgets militaires dans les pays en développement qui dépensent plus pour leur armée que pour l'enseignement primaire, parmi lesquels le Pakistan, l'Angola, le Tchad ou encore l'Afghanistan, permettrait de scolariser 9,5 millions d'enfants.

vendredi 21 décembre 2012

Augmentation de la consommation de l’électricité en Algérie, un PDG d’une filiale de Sonelgaz tire la sonnette d’alarme

Abdou Semmar, à propos de l'augmentation de la consommation d'électricité en Algérie
El Watan, le 16.12.12

La consommation de l'électricité augmente de manière vertigineuse en Algérie. Et les efforts de l'Etat risquent de s'avérer insuffisants pour pouvoir répondre à la demande nationale. A ce sujet, Abdelaali Badache, PDG d'Opérateur système Electrique, une filiale de la compagnie publique Sonelgaz, a tiré, pour sa part, la sonnette d'alarme en estimant que la consommation en électricité connaît en Algérie une dérive « incontrôlable » !

« On ne peut pas continuer comme ça », s'est écrié, dimanche, Abdelaali Bdache sur les ondes de radio publique. « On doit prendre des mesures. On ne peut pas laisser la demande augmenter de manière incontrôlée », a-t-il plaidé en pointant du doigt la consommation domestique qui serait à l'origine de l'augmentation incontrôlée de la demande. C'est, d'ailleurs, cette demande en nette progression qui provoque des coupures de courant ou des opérations de délestage. Mais pour faire face à cette situation, le PDG de cette filiale de Sonelgaz a réclamé le recours à « plusieurs leviers » comme la réalisation de logements à faible consommation d'énergie. Cependant, Abdelaali Bdache a exigé également aux autorités publiques de   »discipliner la demande ». Et pour ce faire, il faudra « agir sur la tarification », a prévenu cet interlocuteur selon lequel il faut prendre cette option très au sérieux car «on ne peut pas continuer comme ça».

Se dirige-t-on alors vers une augmentation des prix de l'électricité ? Rien ne l'indique pour le moment puisque le gouvernement s'oppose à cette mesure. Et en attendant, Sonelgaz devra augmenter la production d'électricité pour pouvoir répondre à la demande nationale. Il est à souligner qu'en 2013, Sonelgaz tablait sur une augmentation de la consommation de 16%. Et pour répondre à cette future consommation, 20 milliards de dollars seront investis durant les cinq prochaines années, dont douze milliards destinés à la production alors que le reste sera consacré au transport et à la distribution d'énergie.  Au final, « il faudra construire, en cinq ans, l'équivalent de ce qui a été réalisé depuis cinquante ans », a précisé en dernier lieu Abdelaali Bdache.

mercredi 19 décembre 2012

Climat : l'Europe, dindon de la farce ?


Au terme de deux semaines de discussion ponctuées par des séances marathon de négociations de dernière minute et au delà, la Conférence sur le climat de Doha au Qatar a finalement abouti à un accord. Certains y verront le signe que le processus amorcé de depuis Rio en 1992 ou Kyoto en 1997 continue et pourrait mener un jour à une convention internationale bien plus importante. En effet, dans la résolution finalement « adoptée » contre des objections majeures de la part de la Russie et de manière moindre de celle des Etats-Unis figure une continuation du Protocole de Kyoto jusqu'en 2020 et la perspective très vague d'un accord beaucoup plus global entre 2015 et 2020 ainsi que des mesures de compensation également peu précises pour les pays les plus pauvres victimes du changement climatique. Le problème est que les pays qui ont accepté de reprendre les obligations du protocole de Kyoto jusqu'en 2020 sont en majorité des pays européens puisqu'entretemps le Canada, la Russie et le Japon ont décidé de le quitter.

De plus, la position de l'Australie, seul pays extra-européen à figurer encore dans ce club de Kyoto n° 2, est extrêmement chancelante. En effet, la majorité parlementaire de la Premier ministre travailliste ne tient qu'à un fil et de toute manière des élections doivent se tenir d'ici au 30 novembre 2013. Or pour le moment, les travaillistes ne sont guère favoris des sondages et il est à peu près certain que la coalition libérale qui les remplacerait sortirait à ce moment du protocole de Kyoto. Cela laisserait les Européens seuls à supporter tout le poids de réductions de gaz à effet de serre planétaire jusqu'en 2020 ! ...
Lu sur Telos

jeudi 13 décembre 2012

Le Maghreb ne veut pas du gaz de schiste

À propos du rejet du gaz de schiste
El Watan
, le 02.11.12

Présenté par les gouvernements comme un alternative énergétique au pétrole et au gaz, le gaz de schiste est rejeté par la communauté scientifique et les écologistes qui jugent son mode d'extraction dangereux. À Alger, le Collectif national pour les libertés citoyennes (CNLC) organise une conférence-débat ce dimanche pour contester son exploitation. El Watan Week-end démêle le vrai du faux sur ce gaz polémique.

L'eau sera contaminée. Vrai. C'est le principal problème lié à l'exploitation du gaz de schiste, qui exige une consommation d'eau très importante puisqu'elle se compte en millions de mètres cubes. «L'exploitation du gaz de schiste est le danger absolu, car il touche directement l'eau, la terre, et l'air, donc la vie, par une pollution irréversible», déclare Mohamed Balghouthi, consultant tunisien en intelligence économique et expert en ressources minières.

Les produits chimiques utilisés sont dangereux. Faux. Le risque ne réside pas dans la dangerosité des produits employés pour l'extraction du gaz, mais dans les résidus chimiques qui se diluent dans les nappes phréatiques situées à proximité des puits. «Généralement, les nappes sont éloignées, de plusieurs centaines de mètres. Ceci dit, le risque de fissures dans la roche mère n'est pas inévitable», assure Salim Bentalla, expert pétrolier algérien. 

Les nappes souterraines contaminées seront recyclées. Vrai. Les spécialistes de l'exploitation rétorquent qu'une partie de cette eau, environ 40%, peut-être récupérée et recyclée. Ils envisagent également d'exploiter des nappes aquifères souterraines salées ou de l'eau de mer (une strate perméable de roche, sable ou gravier porteuse d'eau douce, formant un réservoir d'eau souterraine, ndlr) pour éviter de ponctionner les réserves d'eau douce.

L'extraction provoque des tremblements de terre. Vrai et faux. Ils peuvent se produire lorsque les vibrations engendrées rencontrent des failles naturelles. La perturbation peut alors libérer des tensions existantes. «Il est important de mener des études géologiques afin d'éviter tout risque de tremblement de terre. En Algérie, c'est une mesure préventive non négligeable», poursuit Salim Bentalla.

L'Algérie est contrainte d'extraire le gaz de schiste. Faux. L'Algérie dispose de réserves, en pétrole et gaz conventionnels, qu'elle pourra exploiter, jusqu'en 2030. Ces réserves lui permettront de subvenir largement à tous ses besoins, au cours des vingt prochaines années, tenant compte de l'évolution de sa population et de sa demande intérieure.

Il existe d'autres alternatives pour l'extraction. Faux. Jusqu'à aujourd'hui, il n'existe aucune technologie capable d'extraire le gaz de schiste sans détruire la roche mère, ou de contaminer les eaux souterraines.

vendredi 7 décembre 2012

Changement climatique : le Monde arabe sera le plus touché

R. S., à propos de l'impact du changement climatique
El Watan, le 06.12.12

La nouvelle n'a rien de réjouissant !

Au contraire. La Banque mondiale vient de donner un avertissement aux pays du Proche-Orient et d'Afrique du Nord en les informant qu'«ils seront particulièrement touchés par le réchauffement climatique, ayant des répercussions dévastatrices de l'agriculture au tourisme». La BM se base, dans sa mise en garde, sur l'évolution actuelle des températures moyennes qui restent les plus élevées dans les pays arabes. Ainsi, les températures devraient augmenter de 3 à 6°C d'ici 2050, selon un rapport publié en marge de la 18e Conférence de l'ONU sur la lutte contre le changement climatique à Doha. «Le climat des pays arabes va connaître des extrêmes de température sans précédent», selon le rapport.

Les pluies dans la région, qui dispose des plus basses quantités au monde d'eau douce, devraient être de plus en plus aléatoires et les crues éclair plus fréquentes. «L'eau sera moins disponible et avec la croissance de la population, cette région déjà pauvre en eau pourrait ne pas avoir les ressources suffisantes pour irriguer les récoltes, soutenir l'industrie, et fournir l'eau potable», a révélé la Banque mondiale. Le changement climatique a affecté ou affectera la plupart des 340 millions habitants du Monde arabe, mais les 100 millions les plus pauvres seront les plus durement touchés.

Un accord est attendu à Doha sur la prolongation de Kyoto, seul outil légalement contraignant engageant les pays industrialisés, à l'exception notable des Etats-Unis qui ne l'ont pas ratifié, à réduire leurs gaz à effet de serre (GES). De nombreux pays du Sud insistent pour que «Kyoto 2» ne dure que cinq ans, afin de ne pas figer trop longtemps des ambitions de réduction de GES jugées trop faibles. La communauté internationale a prévu de se doter en 2015 d'un accord impliquant tous les pays pollueurs dont la Chine et les Etats-Unis, pour une entrée en vigueur en 2020.


mardi 20 novembre 2012

Desertec subit des défections en Europe

Zhor Hadjam, à propos du retrait de Bosch du projet
El Watan, le 17.11.12

Le groupe allemand Bosch vient d'annoncer son retrait du projet, quelques semaines à peine après celui du conglomérat Siemens.

Le gigantesque projet Desertec, destiné à alimenter l'Europe en énergie solaire à partir de l'Afrique du Nord, connaît un autre épisode contrariant pour ses initiateurs. Des défections en chaîne des entreprises allemandes qui en constituent le noyau financier et technologique sonnent depuis quelques semaines comme un mauvais présage. Le groupe industriel allemand Bosch vient en effet d'annoncer son retrait, à la fin de l'année, du projet quelques semaines à peine après celui du conglomérat allemand Siemens qui a prévu de liquider l'ensemble de ses activités liées au solaire. Ces retraits surviennent alors que l'Algérie, qui a signé un mémorandum d'entente en décembre 2011 avec l'entreprise allemande Desertec initiative (DII), ne semble pas, de toute façon, très pressée de conclure des accords concrets de production, malgré des déclarations d'intention favorables.

En cause la perspective de servir de territoire d'implantation de gigantesques installations importées en vue de produire et d'exporter de l'énergie solaire vers les pays européens sans véritable transfert technologique ni participation industrielle locale. Une lacune à maintes fois mise à l'avant et qui est à l'origine des longues hésitations qui ont précédé le feu vert donné par Bouteflika au projet. Les retraits annoncés et les raisons invoquées en liaison avec la crise en Europe ne sont pas faits pour encourager un élan de la part des décideurs algériens. «Nous avons décidé de ne pas prolonger notre participation à Desertec l'année prochaine (...) en raison d'une situation économique plus difficile», a déclaré une porte-parole du groupe Bosch après la décision de son retrait du projet.

Pour sa part, Desertec se veut rassurant. Tout en regrettant le retrait de Bosch et de Siemens, Desertec fait valoir que des discussions sont actuellement en cours avec plusieurs nouveaux partenaires potentiels, dont l'espagnol Elecnor, l'américain First Solar ou encore le chinois SGCC. Mauvais présage, plusieurs ministres annoncés présents à la troisième conférence annuelle de Desertec à Berlin ont finalement fait faux bond la semaine dernière, à quelques heures d'une table ronde, invoquant des «agendas chargés». «Le soutien du gouvernement allemand était jusqu'à présent verbal, mais il n'y a pas eu véritablement de soutien concret», rappelle à l'AFP Hans-Joseph Fell, député écologiste au Bundestag, en charge des questions énergétiques.

Par ailleurs, un accord d'intention sur un premier projet de raccordement électrique entre l'Union européenne et le Maroc bute toujours sur les réticences de l'Espagne qui n'a pas encore donné son feu vert. «Le projet Desertec est certainement un projet intéressant pour l'alimentation en électricité du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord. (...) Mais que des quantités significatives d'électricité solaire soient importées de la Méditerranée vers l'Allemagne est loin d'être certain», résume la fédération allemande de l'énergie solaire. Lancé à grand bruit en 2009, Desertec, qui regroupe 21 sociétés et 36 partenaires dans une quinzaine de pays, vise à créer d'ici 40 ans un vaste réseau d'installations éoliennes et solaires en Afrique du Nord, dont des
installations solaires en Algérie et au Moyen-Orient, pour un investissement estimé à 400 milliards d'euros.


dimanche 18 novembre 2012

IPEMED - la contrainte carbone en Méditerranée


 

 

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La Contrainte Carbone en Méditerranée :

Impacts différenciés et politiques de réduction d'émissions de co2

 

Dans le cadre de sa collection Construire la Méditerranée, IPEMED publie une nouvelle étude consacrée à la contrainte carbone en Méditerranée.  

 

Les objectifs énergétiques de l'Union Européenne pour 2020, l'inclusion du secteur aérien international dans le Système Communautaire d'Echange de Quotas d'Emission (SCEQE ou, en anglais, European Union Emission Trading Scheme, EU ETS) depuis 2012 et l'augmentation importante des émissions2 de CO2 dans les pays de la rive sud, sont autant d'éléments qui justifient de porter une attention particulière aux enjeux de la contrainte carbone à l'échelle euro-méditerranéenne.

Le concept de « contrainte carbone » découle de l'application de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC) et du Protocole de Kyoto qui s'est traduit pour les pays de l'Union Européenne par la mise en œuvre depuis 2005 du SCEQE. Si les pays européens  se sont engagés à respecter des objectifs de réduction d'émissions (pays dits « Annexe I » de la CCNUCC et pays « Annexe B » du Protocole de Kyoto), les Pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée (PSEM), à l'instar des autres pays émergents, retiennent le principe de « responsabilité commune mais différenciée » qui ne les lie pas à des objectifs contraignants de réductions.

Le déploiement du SCEQE, avec la mise aux enchères de quotas à partir de 2013, et l'avancée, même difficile, des travaux des négociations internationales climatiques pourraient néanmoins faire évoluer le déséquilibre d'engagements qui existe entre les pays de la rive nord et ceux de la rive sud de la Méditerranée (section 1). Par ailleurs, si la contrainte carbone pour les pays européens est encore aujourd'hui relative, elle risque à court ou moyen terme de générer plusieurs impacts de nature économique et sociale et potentiellement sur le commerce régional (section 2). Plusieurs initiatives prises au sud de la Méditerranée en faveur de politiques environnementales et pour développer de nouveaux mécanismes de marché carbone doivent être soutenues pour limiter ces impacts négatifs et mettre en oeuvre une dynamique régionale vertueuse (section 3).

 

 

Lire ici la totalité de l'étude (en anglais) et son résumé 

 

Contacter les auteurs: morgan.mozas@ipemed.coop

 

Contact communication : veronique.stephan@ipemed.coop  

 

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La collection Construire la Méditerranée propose des études et analyses d'experts qui abordent des thèmes qui conditionnent le développement et l'intégration méditerranéenne. Ces travaux font l'objet d'une validation par le comité scientifique d'IPEMED, co-présidé par Olivier Pastré et Abderrahmane Hadj Nacer.

 

 

L'Institut de prospective économique du monde méditerranéen, IPEMED, est une association reconnue d'intérêt général, créée en 2006. Think tank promoteur de la région méditerranéenne, il a pour mission de rapprocher par l'économie, les pays des deux rives de la Méditerranée. Il est indépendant des pouvoirs politiques dont il ne reçoit aucun financement. IPEMED est présidé par Radhi Meddeb et dirigé par Jean-Louis Guigou. www.ipemed.coop

 

 

 

 

 

 

 

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vendredi 9 novembre 2012

«L’Algérie peut reproduire le succès américain»

L'Algérie peut reproduire le succès que l'industrie du gaz de schiste a connu aux Etats-Unis», selon Nordine Aït Laoussine, président de Nalcosa et ancien ministre de l'Energie et des Mines.

Nordine Aït Laoussine, à propos du Gaz de schiste
El Watan, le 04.11.12

Dans un entretien accordé au site dédié à la conférence sur les opportunités d'investissement dans le secteur de l'énergie en Algérie qui sera organisée par le CWC, l'ancien ministre de l'Energie a estimé que «le potentiel en gaz de schiste de l'Algérie est très prometteur et peut être aussi important que les réserves récupérables en gaz conventionnel».
Toutefois, a-t-il ajouté, «reproduire le succès de l'industrie américaine ne peut se faire que dans un objectif de long terme».
«La réalisation d'un tel objectif nécessite le transfert technologique de la part des compagnies pétrolières internationales, une législation favorable et un cadre d'investissement», a indiqué Aït Laoussine.

A une question sur les domaines de croissance de l'industrie de l'énergie pour les cinq prochaines années, l'ancien ministre a indiqué que «l'actuel plan stratégique du gouvernement projette d'augmenter les réserves en déclin du pays et cela nécessite une intensification des investissements dans l'exploration et la production dans les hydrocarbures conventionnels et les hydrocarbures non conventionnels, dans les domaines matures, les régions inexplorées et l'offshore».

Il a rappelé aussi que «Sonatrach seule a prévu d'investir 65 milliards de dollars, soit 80% de son budget d'investissement pour la période 2012-2016». Concernant les énergies renouvelables, l'ancien ministre a indiqué que «la stratégie du gouvernement est de s'assurer l'apport et l'expérience des compagnies étrangères pour lancer et soutenir l'ambitieux programme de développement des énergies renouvelables et notamment l'énergie solaire qui reste la principale».

Concernant la forme d'organisation, Aït Laoussine estime que «les partenariats avec les compagnies internationales peuvent nécessiter un modèle de coopération qui assure le développement des entreprises locales et leur intégration au processus d'industrialisation».
«Ce modèle devrait aussi tenir compte de la nécessité de répondre d'abord à la demande croissante en énergie électrique au niveau local», a-t-il ajouté.

Concernant l'attractivité de l'Algérie, M. Aït Laoussine a cité «la proximité du marché européen en expansion, la qualité des produits à exporter, l'existence d'une infrastructure transcontinentale et l'existence d'un marché dynamique en pleine croissance...».

Liès Sahar


vendredi 5 octobre 2012

Recours aux incinérateurs de déchets : a-t-on évalué les dangers ?


La décision de Amara Benyounes, le nouveau ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville, de doter toutes les villes d'Algérie d'incinérateurs, révolte Azzedine Chenafa, président de l'Association pour la promotion de la qualité et de la protection du consommateur de Sétif (APQPCS), qui a, à travers une correspondance dont El Watan Week-end détient une copie, interpellé, le 30 septembre dernier, le président Abdelaziz Bouteflika.

M. Chenafa appelle le chef de l'Etat à déjouer les plans «du lobby des incinérateurs» : «Vous êtes responsable de la santé de 35 millions d'Algériens, usez de votre pouvoir pour arrêter le lobby des incinérateurs. Tout comme les tenants du nucléaire, ces lobbys présentent l'incinération comme étant sans risque pour la santé humaine et l'environnement. Nous savons aujourd'hui que ce n'est pas le cas.» «Les incinérateurs empoisonnent l'air, le sol et l'eau avec des polluants persistants et mortifères. Toutes les études scientifiques sur la toxicité de ces substances, aux caractères CMR et persistants (cancérigènes, mutagènes, et/ou reprotoxiques) émises par l'incinération dans son pourtour, confirment les risques pour la santé et l'environnement.

Ainsi, les dernières conclusions de l'OMS, de la British Society For Ecological Medecine, et la récente étude épidémiologique de l'Institut national de veille sanitaire (France) mettent en évidence une relation très significative entre l'exposition aux panaches des incinérateurs et l'augmentation des différents cas de cancer chez les populations riveraines», précise le représentant des consommateurs. Il enfonce le clou en déclarant : «Face à la gravité de cette décision prise par le ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville, sûrement mal conseillé, nous, défenseurs des consommateurs et de l'environnement, disons que le ministre est en infraction vis-à-vis de notre propre législation.» Et de citer : «Le décret exécutif n°07-144 du 19 mai 2007 fixant la nomenclature des installations classées pour la protection de l'environnement, la loi n° 01-19 du 12 septembre 2001 relative à la gestion, au contrôle et à l'élimination des déchets, la convention de Stockholm, adoptée le 23 mai 2001 et ratifiée par l'Algérie, sur les produits organiques persistants.»

Le président de l'Association des consommateurs a ajouté à son argumentaire le compte rendu du rapporteur onusien sur les conséquences néfastes des mouvements et déversements de produits et déchets toxiques et nocifs, daté de juillet 2011, qui recommande que «dans la mesure du possible, l'incinération en tant que méthode d'élimination des déchets médicaux dangereux soit remplacée par des méthodes d'élimination plus respectueuses de l'environnement et plus sûres. L'autoclavage, par exemple, est une méthode écologiquement rationnelle pour traiter les déchets infectieux, qui est relativement peu coûteuse en termes d'investissement et d'exploitation».
Kamel Beniaiche
El Watan, le 05/10/2012

lundi 1 octobre 2012

Projet de loi sur les hydrocarbures : l’exploitation de gaz de schiste se confirme




Algérie-Focus, 30 septembre 2012

Le projet de loi sur les hydrocarbures que l'Assemblée  populaire nationale s'apprête à débattre prochainement comment instituer de nouvelles périodes pour la recherche et l'exploitation des gisements d'hydrocarbures afin d'encourager l'exploration, notamment des gaz et pétrole non conventionnels. 

Le projet de loi prévoit 11 ans maximum de recherches pour les hydrocarbures non conventionnels / DR

Le texte proposé par le département de Youcef Yousfi prévoit une prorogation des périodes de la recherche et de l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels. Pour ce type d'hydrocarbures, le contrat de recherche et d'exploitation comprend 2 périodes : une de recherche fixée à 11 ans maximum à compter de la date de l'entrée en vigueur du contrat avec une phase initiale de 3 ans.

Cette phase initiale est désignée comme 1ère phase de recherche. Elle est suivie d'une 2ème et d'une 3ème phase de recherche qui ont chacune une durée de 2 ans. A ces 3 phases, vient s'ajouter une phase dite pilote d'une durée  maximum de 4 ans qui pourra proroger l'une des phases de recherche.
Pour la période d'exploitation, le texte limite à 30 ans la période de production autorisée pour les hydrocarbures non conventionnels liquides (pétrole  du schiste) et à 40 ans ceux des hydrocarbures non conventionnels gazeux (gaz  de schiste).

La période d'exploitation pour le gaz et le pétrole de schiste peut être prorogée de 5 ans supplémentaires à la demande du contractant et pourra  également être suivie d'une 2ème prorogation optionnelle de 5 années également. Dans le cas où une phase de recherche n'a pas été utilisée, la période d'exploitation est augmentée d'une durée égale à celle de la dite phase.

Gaz et pétrole conventionnels 

Concernant le gaz et le pétrole conventionnels, l'article 35 de ce projet  de loi a gardé inchangés les délais des contrats de recherche et d'exploitation  à savoir une période de recherche de 7 ans, avec une phase initiale de 3 ans.

Désignée comme 1ère phase de recherche, cette phase initiale est suivie d'une 2ème et 3ème phase de recherche qui ont chacune une durée de 2 ans.

La période d'exploitation est fixée quant à elle à 25 ans avec une période de 5 ans supplémentaire pour l'exploitation des gisements de gaz naturel.

Toujours dans l'amont pétrolier, les nouvelles dispositions de la loi accordent un droit de préférence aux entreprises qui réalisent des travaux de prospection sur des périmètres lorsqu'ils sont mis en appel d'offre  à condition de s'aligner sur la meilleure offre obtenue.

Les partenaires étrangers peuvent prétendre également à un droit sur une découverte fortuite réalisée dans les niveaux géologiques objets du plan de développement du gisement.

Sonatrach pourra jouer un rôle   

Le texte ouvre également la voie à Sonatrach pour participer au risque exploration des gisements pour lesquels elle n'est pas contractante quand elle le juge nécessaire.

Chaque contrat de recherche et d'exploitation conclu avec un contractant étranger doit préciser le taux de participation de Sonatrach au projet. Dans le cas où le groupe algérien décide de participer au financement des investissements de recherche le contrat doit notamment préciser le niveau de financement à sa charge.

Dans la loi 05-07, Sonatrach intervenait, pour ce type de contrat dans la phase exploitation, c'est-à-dire après la découverte du pétrole pour déterminer son taux de participation au projet.

Lorsque le contractant est constitué de Sonatrach et d'autres entreprises étrangères, un accord de coopération est signé par les 2 partenaires. Cet  accord définit les droits et obligations de chaque associé et précise les modalités de financement des coûts de recherche, selon l'article 48 du projet de loi.
APS

jeudi 27 septembre 2012

Le trafic du bois tropical sape la lutte contre la déforestation

LE MONDE | 27.09.2012

Par Laurence Caramel

Une zone déforestée, à Puerto Luz, au Pérou.

 

 

 

 

 

 


Le bilan des mafias du bois s'est dramatiquement alourdi, jeudi 27 septembre, avec la publication de chiffres estimant les revenus de ce trafic mondialisé entre 30 et 100 milliards de dollars par an (23 à 77 milliards d'euros). Les dernières données publiées en mars par la Banque mondiale évaluaient leur "chiffre d'affaires" à 15 milliards de dollars.

D'où vient un tel écart ? Essentiellement, expliquent Interpol et le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), qui présentent ce vaste travail de traque dans le rapport "Carbone vert, marché noir", des opérations de blanchiment qui avaient été jusqu'alors très peu comptabilisées.

L'ampleur de cette exploitation illégale, dont les grands bassins tropicaux sont le théâtre principal, relativise les discours sur la lutte contre la déforestation énoncés tant par les Etats concernés que par les acteurs de l'industrie forestière. Elle "représenterait 50 % à 90 % de l'ensemble des activités forestières" en Amazonie, en Indonésie et dans le bassin du Congo.

A la lecture du rapport rédigé par les deux organisations, il se confirme que le business des bois tropicaux demeure un milieu gangrené par une corruption généralisée d'autant plus prospère que, dans bien des pays, elle permet à des fonctionnaires miséreux d'assurer le pécule de survie que leurs Etats ne peuvent plus leur offrir. "L'exploitation illégale a lieu en majorité dans les régions en conflit, pointe le rapport. Elle ne diminue pas, bien au contraire, car les cartels sont mieux organisés et déplacent leurs activités pour échapper aux services de police".

UN FILON POUR LES MOUVEMENTS ARMÉS

Cette criminalité organisée est bien ce qui intéresse les enquêteurs d'Interpol qui sont, depuis quelques mois, montés en première ligne de l'opération de répression dans laquelle se retrouvent des défenseurs de l'environnement et des institutions chargées de lutter contre le grand banditisme. Cette coalition baptisée Consortium international de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages (ICCWC), est opérationnelle depuis 2011. Elle regroupe, outre Interpol, l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, la Banque mondiale, l'Organisation mondiale des douanes et la Cites (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction).

Car derrière ces mafias, il n'y a pas seulement des individus qui ont compris qu'il y avait à gagner sans prendre de gros risques compte tenu de la faiblesse du droit environnemental et de l'impunité dont jouissent les trafiquants dans la plupart des pays. Il existe aussi des mouvements armés qui y ont trouvé, comme dans le trafic d'ivoire, un filon pour financer leur cause. Ces réseaux font preuve d'une ingéniosité croissante.

"Ces cinq dernières années, on est passé d'une exploitation illégale directe à des méthodes plus sophistiquées de recel et de blanchiment", souligne Interpol qui, exemples à l'appui, recense plus de trente manières "d'abattre illégalement, de blanchir et de commercialiser des grumes". Parmi lesquelles, "la falsification de permis d'exploitation, le piratage de sites Internet gouvernementaux afin d'obtenir des permis de transport et des quotas plus importants, le blanchiment par l'intermédiaire de la construction de routes, de fermes d'élevage, de plantations de palmiers à huile, le mélange de bois légal et illégal pendant le transport ou dans les scieries"...

 LA LUTTE CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE EN PÉRIL

Sans oublier les classiques pots-de-vin. Ainsi en Indonésie, le rapport accuse "les plantations de servir souvent de couverture à l'objectif réel qui est l'abattage du bois". Comme l'extension de routes qui, en passant dans des zones protégées, permettent de "récolter" des essences précieuses.

La destruction des forêts tropicales met en péril la lutte contre le changement climatique. C'est au nom de cette menace qu'Interpol et le PNUE justifient leur mobilisation commune. La déforestation est à l'origine de 15 % environ des émissions de gaz à effet serre, soit autant que le secteur du transport au niveau mondial. Le commerce illégal sape, pour eux, les efforts entrepris pour freiner la déforestation à travers notamment le mécanisme REDD (Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts), qui prévoit de rémunérer les efforts de conservation sur la base des tonnes de carbone séquestrées.

Cette initiative en discussion depuis des années est souvent présentée comme "l'arme lourde" pour protéger les bassins tropicaux. Des milliards de dollars ont déjà été investis, même si pour l'instant le REDD n'a d'existence que sur un marché carbone forestier volontaire ou sous forme de projets pilotes. Interpol et le PNUE, qui soutiennent cette idée, oublient toutefois de dire que le REDD est déjà la cible de fraudes. Les aventures des "carbon cow-boys" – ces trafiquants d'un nouveau genre qui surfent sur l'appétit de carbone forestier – témoignent d'un système lui aussi loin d'être sécurisé.

600 hectares de forêts ravagés à Tipaza

Algérie-Focus, septembre 26, 2012 


« Plus de 600 hectares de surfaces forestières ont été ravagés par les feux en 4 jours à Tipaza, particulièrement dans la région de Chenoua», indique un bilan final de la Protection civile, rendu public ce mercredi 26 septembre.
« Les unités de la Protection civile de la wilaya sont intervenues pour l'extinction de pas moins de 27 incendies, signalés du 21 au 24 septembre courant, au niveau des forêts de Tipaza, Cherchell, Sidi Amar, Gouraya, Hadjout et Damous », est-il précisé.
« Le plus gros des dégâts a été enregistré dans les forêts du mont Chenoua,  théâtre de 7 incendies à l'origine de la perte d'une surface de 500 ha de pin d'Alep et de maquis, dont 450 ha dans la seule région des Douars Benaouda et Merabet, mais aussi dans les forêts El Beldj et Chedjar, de même que le massif  forestier mitoyen au centre de l'inspection maritime », souligne la même source.

 A. B. S.


vendredi 14 septembre 2012

Pleins feux sur la Méditérranée : Unir nos efforts pour l'avenir, 24-25 octobre 2012, Nicosie - Chypre


La présidence chypriote du Conseil de l'UE avec le Programme de coopération transnationale MED et le Programme de coopération transfrontalière du Bassin Méditerranéen MED IEVP ont le plaisir d'annoncer leur première conférence conjointe ‘ Pleins feux sur la Méditerranée: Unir nos efforts pour l’avenir’ qui se tiendra à Chypre les 24 et 25 octobre prochains.

Cette initiative revêt une importance particulière dans le contexte de préparation des futurs programmes 2014 - 2020 puisqu’elle marque une avancée dans nos relations politiques et institutionnelles; visant une meilleure coordination des politiques européennes destinées à la méditerranée.

Consultez le programme de ces rencontres

Accédez au site de la conférence

Les deux programmes constituent d’importants outils financiers pour le développement de politiques régionales et de voisinage, la croissance économique et les ressources institutionnelles et humaines sur les deux rives de la méditerranée.D’importants résultats ont déjà été atteints et cette conférence sera l’occasion de démontrer la complémentarité et les synergies existant entre les projets des deux programmes en ouvrant un débat entre politiciens, organisations internationales, institutions et sociétés civiles méditerranéennes. Ce débat permettra d’esquisser les scénarios possibles d’une coopération intégrée dans le bassin méditerranéen dans le cadre de la prochaine période de programmation 2014 - 2020.

L’Europe apporte un soutien indéniable dans l’élaboration de ce processus. Les réflexions développées par la Commission Européenne et par le Parlement Européen ou les dynamiques crées par l’Union pour la Méditerranée et l’Assemblée Régionale et Locale Euro-Méditerranée méritent d’être confrontées et mises en commun. La rencontre à Chypre devra offrir des moyens permettant de s’emparer des potentiels existant afin d’atteindre un développement juste et équilibré sur chaque rive de la méditerranée. Cet objectif est en conformité avec les priorités de la Présidence européenne chypriote travaillant pour «une meilleure Europe».

La conférence s’attachera à donc trouver des points communs en réunissant tous les acteurs concernés et à donner naissance à des stratégies facilitant la mise en œuvre d’un modèle de développement territorial davantage coordonné et cohérent entre les programmes destinés au développement dans l’espace méditerranéen.


mercredi 12 septembre 2012

L'UICN publie la liste rouge des 100 espèces les plus menacées, Le Monde le 11/09

Par Catherine Vincent
Le caméléon de Tarzan figure sur la liste rouge des cent espèces les plus menacées en 2012.

Le point commun entre le caméléon de Tarzan, l'orchidée des îles Caïmans, le bécasseau spatule et la galle colorée du saule ? Tous, hélas, figurent dans la liste des cent espèces d'animaux, de plantes et de champignons les plus menacés d'extinction.

Publiée conjointement, mardi 11 septembre, par la Société zoologique de Londres (ZSL) et l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dont le congrès mondial se tient jusqu'au 15 septembre à Jeju (Corée du Sud), cette liste est l'occasion pour ces experts de regretter un autre point commun entre ces espèces : rien ou presque n'est fait pour empêcher leur disparition, au motif qu'aucune ne procure des avantages évidents à l'humanité.

"DÉCISION MORALE ET ÉTHIQUE IMPORTANTE"

"L'existence future de ces cent espèces est entre nos mains. Ont-elles un droit à l'existence ? Avons-nous le droit de les conduire à l'extinction ?", s'interroge le professeur Jonathan Baillie, directeur de la conservation de la ZSL, pour qui "il nous incombe de prendre sur ce point une décision morale et éthique importante". Car les bailleurs de fonds comme les écologistes ont une tendance croissante, affirme-t-il, à épouser la thèse selon laquelle "les espèces et les habitats sauvages sont appréciés et hiérarchisés en fonction des services qu'ils peuvent rendre aux populations". Moyennant quoi les autres, de plus en plus, sont condamnées d'avance.

Intitulé "Sans prix ou sans valeur ?" ("Priceless or worthless?"), le rapport présenté sur ce thème au congrès de l'UICN a précisément pour objet de rehausser l'intérêt accordé à la protection de ces créatures qui n'ont pas de "prix". Mais qui se soucie du paresseux nain de l'île d'Escudo (large de Panama), de moitié plus petit que son cousin sud-américain ? Du saola, ce bovidé mi-chèvre, mi-antilope découvert au Vietnam en 1992, dont il ne subsiste dans doute que quelques dizaines d'individus en Asie du Sud-Est ? De la galle colorée du saule, qu'on ne trouve plus que dans une petite région du Pays de Galles (Royaume-Uni) et qui pourrait disparaître au premier événement catastrophique ? Alors que les programmes de conservation manquent cruellement d'argent, le pari semble difficile. Pour ne pas dire impossible.

UNE RÉGRESSION SANS PRÉCÉDENT

Au-delà de ces espèces en grand péril, la question plus générale est la suivante : faut-il tenter de sauver toutes les espèces en danger de disparition, et si non, lesquelles choisir ? En novembre 2011, un sondage publié dans la revue Conservation Biology, réalisé par un spécialiste de l'économie environnementale auprès de 583 spécialistes de la protection animale et végétale, avait donné des réponses équivoques.

Si la quasi-totalité des sondés (99,56 %) s'accordait à penser que la biodiversité subit une régression sans précédent, pour l'essentiel du fait des activités humaines, ils étaient en revanche beaucoup plus divisés sur les moyens à mettre en place et les espèces à privilégier pour freiner ce déclin. Entre autres facteurs de dissension : la pertinence d'un éventuel "triage" entre espèces.

LAISSER MOURIR DES ESPÈCES EN TOUTE CONSCIENCE

Entre celles qu'il conviendrait de protéger, et celles qu'il vaudrait mieux abandonner à leur sort. Ils étaient toutefois 50,3 % à se déclarer "d'accord", et 9,3 % "tout à fait d'accord" pour se concentrer sur des plantes et des animaux ayant de sérieuses chances de s'en sortir. Plutôt que de s'acharner à sauver, moyennant des sommes souvent faramineuses au regard du peu de financements dont dispose ce domaine d'activité, des espèces déjà moribondes.

Mais une chose est d'être pragmatique sur le papier, une autre est de laisser mourir en toute conscience des espèces que l'on sait condamnées à brève échéance... Surtout lorsqu'elles pourraient être sauvées. Or, Ellen Butcher, membre de la ZSL et coauteure avec Jonathan Baillie du rapport présenté à Jeju, l'affirme avec force : "Si nous prenons des mesures immédiates, nous pouvons donner aux espèces figurant sur cette liste de bonnes chances de survie. Mais pour cela, nous avons besoin d'une société qui souscrive à la position éthique voulant que toutes les espèces ont le droit inhérent d'exister." Et d'ajouter que si ces espèces "uniques et irremplaçables" viennent à disparaître, "aucune somme d'argent ne les fera renaître".

Catherine Vincent

lundi 10 septembre 2012

François Hollande et le monde d’hier


(Crédit photo : jmayrault - flickr)
 
Point de vue - Pour Arnaud Gossement, avocat en droit de l'environnement, le discours de François Hollande délivré dimanche soir sur TF1 revient à un constat : le logiciel du Président de la République est celui du monde d'hier.

Au lendemain de l'intervention au journal télévisé du président de la République, l'essentiel n'est pas nécessairement de savoir si celui-ci a ou non respecté ses engagements, si le ton était le bon, si les annonces étaient les plus pertinentes, si le « calendrier » sera tenu. Si l'on postule que la crise que nous traversons n'en est pas une, que la croissance ne reviendra pas ou pas de sitôt, que l'enjeu est une société prospère même sans croissance et même avec une énergie chère, que le paradigme doit être celui du développement durable, qu'aucune politique publique ne peut réussir sans être pensée sans l'Europe, bref, si l'on considère que le monde est en train de basculer : le logiciel du Président de la République est resté celui du monde d'hier. En clair, la question est la suivante : les hypothèses de base de la feuille de route du président de la République sont-elles les bonnes ?

Le chef de l'Etat a en effet fixé un cap : retrouver la « croissance » économique dans un délai de deux ans. Pour atteindre cet objectif, les moyens présentés sont principalement une nouvelle réforme du code des impôts et l'appel au « patriotisme » économique. « Croissance », « patriotisme » : dommage qu'il n'ait pas été question de la conférence environnementale que François Hollande doit pourtant ouvrir vendredi prochain. Dommage que l'évocation de la transition énergétique ait tout de suite été accompagnée de l'assurance que la « part du nucléaire » resterait majoritaire jusqu'en 2025. Dommage que François Hollande n'ait pas développé sa vision de l'Europe alors que le débat sur le traité de discipline budgétaire fait rage.

La classe politique ignore le bouillonnement culturel

L'ancien Premier ministre Michel Rocard, le philosophe Marcel Gauchet : les voix ont été nombreuses, dans la presse, ces derniers jours, à appeler le Président de la République à ne pas avoir le retour de la croissance pour seule ligne de mire. Tim Jackson, Lester Brown, Jeremy Rikin : les livres consacrés au basculement du monde se multiplient. Des nouvelles économies, plus circulaires, plus collaboratives se créent. Fondées sur la sobriété, la réutilisation des matières premières, les économies d'énergie, l'essor des nouvelles technologies de l'information, des « cleantech », des « greentech », le développement des énergies renouvelables, distribuées et décentralisées. En somme, un bouillonnement culturel est en cours mais une grande partie de notre classe politique continue invariablement à l'ignorer, à s'en écarter. Et préfère parler de nucléaire, de baisse des prix de l'essence, de relance du débat sur les gaz de schiste, de croissance, de consommation, d'aéroport…

Il est temps de changer de logiciel au profit de celui du développement durable.



vendredi 7 septembre 2012

Dans 20 ans, le prix des aliments va flamber, El Watan, 7 septembre 2012

 

A cause de la sécheresse et des grands incendies, notamment dans le Middle West des Etats-Unis devenu, pour le malheur des uns, le grenier du monde, les prix de base des principaux aliments pourraient doubler d'ici 20 ans, a annoncé Oxfam, une confédération de 17 ONG, qui travaille en réseau pour un avenir libre de l'injustice et la pauvreté (www.oxfam.org).

Dans un rapport de 15 pages paru le 5 septembre, l'organisation prévient une hausse croissante des prix des denrées alimentaires de base qui doubleront à l'horizon 2020. Le responsable est encore une fois tout désigné : le changement climatique. En effet, Oxfam juge que les effets du réchauffement sont «sous-estimés», car «les changements à évolution lente des températures moyennes et des schémas de précipitations», globalement défavorables à l'agriculture se doubleront de «pertes de cultures causées par des événements météorologiques extrêmes, plus fréquents et plus intenses».
Prenant pour exemple la sécheresse qui sévit depuis juin dans le centre des Etats-Unis, la plus grave depuis 50 ans, les experts de l'organisation internationale estiment que les prix du maïs pourraient atteindre 140% d'augmentation. Un scénario semblable est prévu pour l'Afrique australe, où le prix actuel du sac de 25 kg de farine, la ration d'une famille pour 15 jours, pourrait passer de 18 à 40 dollars. Ce sont les populations les plus pauvres qui paieront cette flambée au prix fort, car dans le Sahel, une famille consacre jusqu'à 75% de ses ressources pour se nourrir, révèle encore un expert. L'étude, qui a donné lieu au rapport intitulé «La Terre se réchauffe, les prix flambent», souligne encore que ce seront les pays pauvres qui payeront la plus lourde facture.
Les chercheurs, qui ont modélisé les scénarii de l'accroissement des prix, prévoient qu'à l'exportation, les prix du maïs augmenteraient de 177%, ceux du blé de 120%, ceux du riz raffiné de 107%. Par ailleurs, des spécialistes réunis à Stockholm durant la Semaine internationale de l'eau, qui s'est déroulée dans la capitale suédoise, ont montré que l'adoption de techniques de planification de l'exploitation des ressources hydrauliques permettait de faire face aux besoins alimentaires croissants. Pour nourrir les neuf milliards d'habitants que la Terre comptera en 2050, alors que les ressources hydrauliques auront également diminué, il est nécessaire de mettre au point dès maintenant des techniques permettant d'accroître la production agricole avec moins d'eau.
Slim Sadki

Des zones industrielles «vertes», Le Matin.ma

Les arrêtés relatifs aux rejets limites des eaux industrielles seront publiés en 2013. À partir de cette date, les entreprises n'auront plus le droit de déverser les eaux usées dans la nature.

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Il faut réhabiliter les infrastructures de base dans les ZI avant de parler de protection de l'environnement.

 
La gestion des zones industrielles doit être irréprochable en matière de respect de l'environnement. C'est un espace qu'il faut doter d'un cadre de vie. «Notre zone qui s'étend sur plus de 100 ha est dotée d'un cadre de vie. Elle contient des espaces verts, un système d'assainissement séparé, des réseaux électriques et téléphoniques enterrés, etc.», a indiqué Hanane Belhaj de l'Association de la zone industrielle de Mohammedia (AZIM), lors de la conférence organisée dernièrement autour du thème «Gestion environnementale des zones industrielles». Une rencontre initiée dans le cadre du  Programme de gestion et de protection de l'environnement (PGPE) mené par la coopération technique allemande (GIZ) et le secrétariat d'État à l'Eau et à l'environnement. Pour rassurer les industriels, Philippe Simonis, conseiller technique principal de la GIZ, a indiqué que le PGPE va continuer jusqu'à 2015, une décision prise lors de la dernière commission mixte maroco-allemande.
 
Toujours dans la cité des fleurs et afin d'accompagner la politique des pouvoirs publics, un pôle de compétences va être livré par l'organisme public El Omrane. Cette nouvelle zone industrielle est dotée d'un centre multiservice, de restaurants, d'une mosquée, etc. Ces bonnes nouvelles ne doivent pas faire oublier une réalité sombre qui prédomine dans les anciennes zones industrielles. «À Essaouira, il n'existe pas de réseau d'assainissement dans la zone industrielle alors comment voulez-vous demander aux entreprises de respecter l'environnement ?», s'est interrogée une participante à cette réunion. Siham El Khaddar, directrice de l'Association des opérateurs économiques des zones industrielles de Sidi Bernoussi  Izdihar à Casablanca, verse elle aussi dans le même sens. «La zone industrielle de Sidi Bernoussi réunit quelque 600 entreprises et elle est caractérisée par la détérioration du réseau d'assainissement à cause des rejets industriels toxiques.

Par ailleurs, des entreprises ont arrêté leurs activités à cause d'odeurs nuisibles rejetées par des usines proches. Dans les zones industrielles, il faut d'abord réhabiliter les infrastructures de base et créer ensuite des espaces verts pour pouvoir enfin discuter de protection de l'environnement avec les industriels», a indiqué Mme El Khaddar, qui est aussi coordinatrice du Collectif des zones industrielles pour l'environnement (COZINE). Un collectif mis en place pour combler le manque de collaboration entre les différentes associations de zones industrielles. Les membres du COZINE ont élaboré une feuille de route avec le projet de réalisation d'un guide de prestataires spécialisés dans le traitement des déchets, la formation des gestionnaires des zones industrielles à la gestion environnementales, etc.

Pour accompagner la mise à niveau des entreprises, un Fonds de dépollution industrielle (FODEP) a été créé ces dernières années. «Jusqu'à maintenant, nous avons accepté le financement de 114 projets. Mais attention, les arrêtés relatifs aux rejets limites des eaux industrielles seront publiés en 2013 et à partir de cette date, les entreprises n'auront plus le droit de déverser les eaux usées dans la nature», a averti Jamal Aboud, chef du service FODEP au secrétariat d'État à l'Eau et à l'environnement.
Un autre instrument financier d'incitation à la dépollution, le Mécanisme volontaire de dépollution industrielle hydrique (MVDIH). «Ce dispositif de 100 millions de DH, créé via notamment un financement de l'Union européenne (UE), vise en général des projets collectifs», a souligné M. Aboud.

Avis d'expert : Abdelaziz Mrani, conseiller technique à la coopération technique allemande .

«Opérationnalisation de la charte de l'environnement»

 

Vous êtes responsable de la composante Mohammedia «Gestion de l'environnement industriel» du Programme de gestion et de protection de l'environnement (PGPE). Quelles sont les principales conditions pour réussir une bonne gestion environnementale des zones industrielles ?
 Déjà en amont, la planification des zones doit prévenir l'impact environnemental et prévoir les infrastructures et moyens nécessaires. Ensuite, la responsabilité incombe – primo – à chaque entreprise implantée dans la zone et qui doit respecter le cahier des charges et mettre en place une démarche environnementale efficace. Secundo, les gestionnaires de la zone doivent disposer des instruments, et bien entendu des capacités, pour gérer l'environnement de la zone dans sa globalité, encourager l'engagement des entreprises, la mutualisation de certains moyens, et des projets communs pour l'efficacité des ressources et la lutte contre les nuisances.

Le PGPE a été prolongé jusqu'à 2015. Quels seront les projets à réaliser pour cette échéance ?
La prolongation a, en effet, été confirmée par les récentes négociations bilatérales entre le Maroc et l'Allemagne. Ce dernier continuera à accompagner la politique environnementale et climatique, dans la plupart des domaines actuels d'intervention où il faut consolider certains acquis, mais il y aura une autre étape d'évaluation en début 2013, et qui définira ce qu'il faudrait entreprendre jusqu'à 2015. En tout cas, les deux parties ont exprimé le souhait qu'une attention particulière soit portée aux thèmes de l'opérationnalisation de la charte nationale de l'environnement et du développement durable, des métiers de l'environnement, de la sensibilisation et l'éducation à l'environnement et au développement durable, et des déchets dangereux.

Quel bilan faites-vous du PGPE ?
Un bilan riche qui a contribué considérablement à la construction et à la mise en œuvre progressive de la politique environnementale, mais aussi climatique. Citons pour exemples l'assistance à la mise en place des textes réglementaires notamment dans le secteur des déchets, aussi bien banals que dangereux, ainsi que dans le domaine des Études d'impact environnementales (EIE), une batterie d'outils pratiques pour la modernisation de tous les maillons de la gestion des déchets, développés par l'expérience au niveau de plusieurs communes du Nord et capitalisés au niveau national, des instruments pour la mise à niveau environnementale de l'industrie développés et testés efficacement au niveau de certaines régions (notamment le Grand Casablanca et zones limitrophes) et également capitalisés pour un déploiement national, des actions structurantes servant la stratégie nationale des métiers de l'environnement, etc.

Mécanisme volontaire de dépollution

 

La dépollution industrielle a bénéficié d'un intérêt particulier dans la politique nationale de protection de l'environnement qui s'est traduit, d'une part, par la mise en place d'un cadre réglementaire adéquat notamment à travers la promulgation de la loi 10-95 sur l'Eau et la loi 11-03 relative à la protection et la mise en valeur de l'environnement, et d'autre part, par l'adoption d'un instrument incitatif : le Fonds de dépollution industrielle (FODEP), qui encourage la mise à niveau environnementale à travers un appui technique et financier des entreprises industrielles et artisanales. Cet instrument qui arrive à son terme, est remplacé par un fonds de dépollution industrielle, financé par l'État et décentralisé au niveau des agences des bassins hydrauliques pour la mise en place durant la période 2011-2013.
Repères
  • Si les entreprises sont appelées à multiplier leurs initiatives et leur engagement, les gestionnaires des zones industrielles doivent continuer à avoir un rôle très important dans la gestion de ces espaces.
  • L'idéal serait de créer de nouvelles zones industrielles par secteurs d'activités afin de faciliter la gestion des déchets et son traitement.
  • Au Maroc, il existe une cinquantaine d'entreprises dotées de la norme internationale en matière de protection de l'environnement ISO 14 001.

mardi 4 septembre 2012

"Il faut une taxe climat aux frontières de l'Europe", Le Monde, 22 août 2012


LE MONDE | 22.08.2012 à 12h44 • Mis à jour le 23.08.2012 à 11h32
Propos recueillis par Hervé Kempf

Monique Barbut, le 7 août, à Saint-Maxime, dans le Var.

Le comité de direction du Fonds vert pour le climat se réunit à Genève, en Suisse, à partir du 23 août. Depuis sa création officielle en 2011, à la conférence de Durban (Afrique du Sud), il vise à rassembler des sources de financement - 100 milliards de dollars (80,6 milliards d'euros) par an attendus à partir de 2020 - afin d'aider les pays en développement à mettre en oeuvre leur transition énergétique et leur adaptation au réchauffement.




Il vient s'ajouter à d'autres fonds existants, dont le principal est le Fonds pour l'environnement mondial, créé en 1991. Monique Barbut en a été la présidente de 2006 jusqu'au 1er août 2012. Experte avisée des négociations sur le climat, elle porte un diagnostic sévère sur leur évolution.

Où en sont les négociations mondiales sur le climat ? 

Le résultat de la conférence de Durban, fin 2011, a été de dire qu'en 2015, on discuterait d'engagements pour 2020... Mais que va-t-on faire entre 2012 et 2020 ? On n'en sait rien. En fait, depuis Copenhague en 2009, la négociation ne porte plus sur les engagements de réduction quantitative des émissions de gaz à effet de serre, alors que c'est ce qui compte. On ne discute que sur des sujets accessoires, tels que les modalités du Fonds vert pour le climat. Le problème, c'est que dans quinze ans, nous disent les scientifiques, il n'y aura plus rien à faire pour empêcher le changement climatique, il sera trop tard.

Comment pourrait-on débloquer la situation ?

Cette négociation ne peut reprendre que si les Européens décident d'adopter des positions volontaristes. Mais pas volontaristes vis-à-vis de l'Europe, parce que les Européens ont assez donné - ils sont les seuls à avoir pris de vrais engagements et à s'y tenir - mais vis-à-vis des autres.

Que recommandez-vous ? 

Une taxe climatique aux frontières, un protectionnisme environnemental. Les Européens devraient rappeler qu'ils ont décidé de réduire leurs émissions, mais qu'ils ne peuvent pas laisser dépérir leurs industries au seul profit des autres grands pays. Dès lors, ils pourraient imposer à l'entrée de l'Europe une taxe sur les produits qui, par leur processus de fabrication, contiennent plus de CO2 que ce qui est autorisé pour les produits fabriqués en Europe. On pourrait exempter de ces taxes les pays les plus pauvres, et dire par ailleurs qu'on affectera une partie des recettes à l'aide aux pays les plus pauvres ou au Fonds vert pour le climat. Mais la taxe climatique devrait être clairement posée.

Ne serait-ce pas un électrochoc violent ? 

S'il n'y pas d'électrochoc, la négociation climat est morte. Aujourd'hui, soit on reste dans l'hypocrisie en parlant d'un engagement pour 2020, soit on affirme qu'on veut vraiment stabiliser les émissions, et dans ce cas, on met tout le monde à égalité au travers d'une démarche commerciale.

Quel effet une taxe climatique aurait-elle sur la crise économique européenne ? 

D'une part, elle générerait des recettes importantes. D'autre part, elle recréerait une respiration, des possibilités d'activité, pour les productions européennes.

Pourquoi en est-on arrivé là ?

Parce que les Etats-Unis, les grands pays émergents et les pays producteurs de pétrole ont le même intérêt à ne pas aller au fond de la discussion. L'idée qui reste dominante aux Etats-Unis - défendue par George W. Bush - est que le changement climatique existe, mais que l'homme n'en est pas responsable, et que ce n'est pas en prenant des mesures sur l'activité humaine qu'on va le régler. Même si ce n'est pas la position de l'administration de Barack Obama, c'est celle du Congrès, qui bloque toute avancée.
Quant à la Chine, ses dirigeants veulent continuer leur développement à un rythme soutenu. Ils cherchent des modes de production plus économes. Mais ils ne veulent pas prendre d'engagement tant qu'ils n'auront pas ces solutions. Ils ne veulent pas se lier les mains.

Le conseil du Fonds vert pour le climat se réunit le 23 août. Est-il utile ? 

Il existe plus de 200 fonds dévolus au climat, des petits, des moyens, des multilatéraux, des bilatéraux... Chacun dispose de son secrétariat et de ses procédures. C'est une déperdition de ressources, car la gestion absorbe au moins 10 % de chaque fonds. Trois structures émergent de cette galaxie : le Fonds pour l'environnement mondial, le plus important, les "Climate investment funds", gérés par la Banque mondiale, et le Fonds d'adaptation du protocole de Kyoto. Ensemble, ils représentent 2 milliards de dollars par an. Le Fonds vert va venir les concurrencer.

Il va gérer 100 milliards de dollars par an... 

Les pays en développement ont compris qu'il y aurait un flux d'aide budgétaire de 100 milliards par an. Mais pour les Etats donateurs, ces 100 milliards doivent provenir à 95 % du secteur privé : les pays devraient adopter des politiques permettant que les entreprises aient envie d'investir dans les technologies qui sont bonnes pour le climat.

C'est-à-dire ?

Beaucoup de pays pauvres subventionnent les énergies fossiles. Si l'on supprimait ces aides, l'énergie solaire deviendrait plus avantageuse. Mais les Etats s'y opposent car il faudrait que le remplacement des fossiles par les renouvelables se fasse immédiatement, sinon il se produira de graves crises sociales.
Plutôt que de créer un nouveau fonds,on pourrait en faire une espèce de conseil d'administration qui orienterait l'action des trois grands fonds déjà existants. Mais tout cela ne sert pas à grand-chose si des engagements quantitatifs de réduction des émissions ne sont pas pris. Voilà pourquoi il faut plutôt commencer par réanimer la négociation globale, en lançant la taxe climatique aux frontières.
Propos recueillis par Hervé Kempf
Des plans nationaux contre la sécheresse
"Le changement climatique devrait entraîner une augmentation de la fréquence, de l'intensité et de la durée des sécheresses", a déclaré, mardi 21 août, le secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), Michel Jarraud.
Selon lui, les autorités doivent abandonner "les approches au coup par coup" pour mettre en place "des politiques nationales concertées de lutte contre la sécheresse fondées sur la gestion des risques".
L'Australie est le seul pays à avoir développé une telle politique, selon l'OMM. - (AFP.)


Cinq artisans d'une architecture "durable" récompensés, Le Monde


LE MONDE | 16.04.2012 à 14h22 • Mis à jour le 15.06.2012 à 19h54
Par Sophie Landrin

En Afghanistan, un architecte néerlandais a conçu un centre d'accueil en terre et briques pour les visiteurs du parc Band-e-Amir.

En Afghanistan, un architecte néerlandais a conçu un centre d'accueil en terre et briques pour les visiteurs du parc Band-e-Amir. | ANNE FEENSTRA

Des ruines de la cité forteresse de Daw'an, l'architecte Salma Samar Damluji a fait renaître de sublimes palais, maisons, mosquées, refusant de laisser l'urbanisation, les guerres et l'obscurantisme détruire ce patrimoine en terre crue qui se fond dans le paysage ocre des montagnes de l'Hadramout, région orientale désertique du Yémen. Irakienne, née à Beyrouth, formée en Angleterre, cette architecte s'est totalement vouée à la rénovation de l'habitat de terre, qui n'a rien de marginal, la moitié de la population mondiale y ayant recours.

Depuis 2005, avec les artisans de Daw'an, elle relève les murs, étanchéifie les toits à la chaux et forme les étudiants yéménites et étrangers sur le site. Il ne s'agit pas de reconstruire à l'identique : pour fixer la population dans ses villages délaissés, l'architecte tente d'offrir un "confort" moderne, avec salle à manger, salle de bain...
Salma Samar Damluji fait partie des cinq lauréats du Global Award for Substainable Architecture, décerné vendredi 13 avril à Paris. Ce prix, créé il y a six ans par Jana Revedin et la Cité de l'architecture et du patrimoine, entend promouvoir une architecture durable et éthique, au Nord comme au Sud. Tous les lauréats partagent cette même démarche.

A 3 000 MÈTRES D'ALTITUDE

Anne Feenstra a, lui, quitté le confort des Pays-Bas pour poser, il y a huit ans, ses bagages à Kaboul, en Afghanistan. Après avoir travaillé dans de grands cabinets habitués des concours, cet architecte hollandais a choisi de délaisser la "star achitecture" pour explorer le chemin d'une "architecture lente et durable". Ignorant les chaos de la guerre, il s'est concentré sur de petits projets, comme la construction de cinq maternités à travers le pays, ou la création d'un centre d'accueil des visiteurs dans le premier parc national du pays, le Band-e-Amir.
Ce site, qui abrite six lacs cristallins bordés d'une barrière de travertin, une roche calcaire, au pied de l'Hindou Kouch, était jusqu'alors dépourvu d'infrastructures. Dans ce joyau, les Afghans avaient l'habitude de nettoyer leurs voitures, de vidanger leur huile et de déverser leurs déchets. A près de 3 000 mètres d'altitude, sans grands moyens, avec de la terre, de la brique et de l'ingéniosité, Anne Feenstra invente une architecture durable en lien avec les savoir-faire locaux, capable d'utiliser l'énergie solaire pour chauffer les bâtiments et de résister aux séismes qui menacent la région.
En Indonésie, sur l'île de Sumatra, ce sont deux jeunes Norvégiens, Andreas G. Gjertsen et Yashar Hanstad, qui se sont attelés avec la communauté locale et le concours de jeunes architectes occidentaux à la construction d'une coopérative de production de cannelle, servant aussi de centre de formation des ouvriers.
En France, le comité scientifique du Global Award a sélectionné l'architecte Philippe Madec, grand défendeur depuis vingt ans des écoquartiers et du territoire durable. Du petit bourg de Plourin-lès-Morlaix (Finistère) au fort d'Aubervilliers, en passant par Casablanca, Philippe Madec va chercher ses matériaux à moins de dix kilomètres des chantiers, n'utilise que la ventilation naturelle et ne construit ses "projets partagés" qu'au terme de longues consultations des habitants.
Enfin, le Global Award a mis en lumière le travail quasi mystique de Suriya Umpansiriratana, un artiste peintre thaïlandais converti au bouddhisme qui érige, en pleine jungle, une cité monastique en totale harmonie avec la nature.
Sophie Landrin