vendredi 7 septembre 2012

Des zones industrielles «vertes», Le Matin.ma

Les arrêtés relatifs aux rejets limites des eaux industrielles seront publiés en 2013. À partir de cette date, les entreprises n'auront plus le droit de déverser les eaux usées dans la nature.

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Il faut réhabiliter les infrastructures de base dans les ZI avant de parler de protection de l'environnement.

 
La gestion des zones industrielles doit être irréprochable en matière de respect de l'environnement. C'est un espace qu'il faut doter d'un cadre de vie. «Notre zone qui s'étend sur plus de 100 ha est dotée d'un cadre de vie. Elle contient des espaces verts, un système d'assainissement séparé, des réseaux électriques et téléphoniques enterrés, etc.», a indiqué Hanane Belhaj de l'Association de la zone industrielle de Mohammedia (AZIM), lors de la conférence organisée dernièrement autour du thème «Gestion environnementale des zones industrielles». Une rencontre initiée dans le cadre du  Programme de gestion et de protection de l'environnement (PGPE) mené par la coopération technique allemande (GIZ) et le secrétariat d'État à l'Eau et à l'environnement. Pour rassurer les industriels, Philippe Simonis, conseiller technique principal de la GIZ, a indiqué que le PGPE va continuer jusqu'à 2015, une décision prise lors de la dernière commission mixte maroco-allemande.
 
Toujours dans la cité des fleurs et afin d'accompagner la politique des pouvoirs publics, un pôle de compétences va être livré par l'organisme public El Omrane. Cette nouvelle zone industrielle est dotée d'un centre multiservice, de restaurants, d'une mosquée, etc. Ces bonnes nouvelles ne doivent pas faire oublier une réalité sombre qui prédomine dans les anciennes zones industrielles. «À Essaouira, il n'existe pas de réseau d'assainissement dans la zone industrielle alors comment voulez-vous demander aux entreprises de respecter l'environnement ?», s'est interrogée une participante à cette réunion. Siham El Khaddar, directrice de l'Association des opérateurs économiques des zones industrielles de Sidi Bernoussi  Izdihar à Casablanca, verse elle aussi dans le même sens. «La zone industrielle de Sidi Bernoussi réunit quelque 600 entreprises et elle est caractérisée par la détérioration du réseau d'assainissement à cause des rejets industriels toxiques.

Par ailleurs, des entreprises ont arrêté leurs activités à cause d'odeurs nuisibles rejetées par des usines proches. Dans les zones industrielles, il faut d'abord réhabiliter les infrastructures de base et créer ensuite des espaces verts pour pouvoir enfin discuter de protection de l'environnement avec les industriels», a indiqué Mme El Khaddar, qui est aussi coordinatrice du Collectif des zones industrielles pour l'environnement (COZINE). Un collectif mis en place pour combler le manque de collaboration entre les différentes associations de zones industrielles. Les membres du COZINE ont élaboré une feuille de route avec le projet de réalisation d'un guide de prestataires spécialisés dans le traitement des déchets, la formation des gestionnaires des zones industrielles à la gestion environnementales, etc.

Pour accompagner la mise à niveau des entreprises, un Fonds de dépollution industrielle (FODEP) a été créé ces dernières années. «Jusqu'à maintenant, nous avons accepté le financement de 114 projets. Mais attention, les arrêtés relatifs aux rejets limites des eaux industrielles seront publiés en 2013 et à partir de cette date, les entreprises n'auront plus le droit de déverser les eaux usées dans la nature», a averti Jamal Aboud, chef du service FODEP au secrétariat d'État à l'Eau et à l'environnement.
Un autre instrument financier d'incitation à la dépollution, le Mécanisme volontaire de dépollution industrielle hydrique (MVDIH). «Ce dispositif de 100 millions de DH, créé via notamment un financement de l'Union européenne (UE), vise en général des projets collectifs», a souligné M. Aboud.

Avis d'expert : Abdelaziz Mrani, conseiller technique à la coopération technique allemande .

«Opérationnalisation de la charte de l'environnement»

 

Vous êtes responsable de la composante Mohammedia «Gestion de l'environnement industriel» du Programme de gestion et de protection de l'environnement (PGPE). Quelles sont les principales conditions pour réussir une bonne gestion environnementale des zones industrielles ?
 Déjà en amont, la planification des zones doit prévenir l'impact environnemental et prévoir les infrastructures et moyens nécessaires. Ensuite, la responsabilité incombe – primo – à chaque entreprise implantée dans la zone et qui doit respecter le cahier des charges et mettre en place une démarche environnementale efficace. Secundo, les gestionnaires de la zone doivent disposer des instruments, et bien entendu des capacités, pour gérer l'environnement de la zone dans sa globalité, encourager l'engagement des entreprises, la mutualisation de certains moyens, et des projets communs pour l'efficacité des ressources et la lutte contre les nuisances.

Le PGPE a été prolongé jusqu'à 2015. Quels seront les projets à réaliser pour cette échéance ?
La prolongation a, en effet, été confirmée par les récentes négociations bilatérales entre le Maroc et l'Allemagne. Ce dernier continuera à accompagner la politique environnementale et climatique, dans la plupart des domaines actuels d'intervention où il faut consolider certains acquis, mais il y aura une autre étape d'évaluation en début 2013, et qui définira ce qu'il faudrait entreprendre jusqu'à 2015. En tout cas, les deux parties ont exprimé le souhait qu'une attention particulière soit portée aux thèmes de l'opérationnalisation de la charte nationale de l'environnement et du développement durable, des métiers de l'environnement, de la sensibilisation et l'éducation à l'environnement et au développement durable, et des déchets dangereux.

Quel bilan faites-vous du PGPE ?
Un bilan riche qui a contribué considérablement à la construction et à la mise en œuvre progressive de la politique environnementale, mais aussi climatique. Citons pour exemples l'assistance à la mise en place des textes réglementaires notamment dans le secteur des déchets, aussi bien banals que dangereux, ainsi que dans le domaine des Études d'impact environnementales (EIE), une batterie d'outils pratiques pour la modernisation de tous les maillons de la gestion des déchets, développés par l'expérience au niveau de plusieurs communes du Nord et capitalisés au niveau national, des instruments pour la mise à niveau environnementale de l'industrie développés et testés efficacement au niveau de certaines régions (notamment le Grand Casablanca et zones limitrophes) et également capitalisés pour un déploiement national, des actions structurantes servant la stratégie nationale des métiers de l'environnement, etc.

Mécanisme volontaire de dépollution

 

La dépollution industrielle a bénéficié d'un intérêt particulier dans la politique nationale de protection de l'environnement qui s'est traduit, d'une part, par la mise en place d'un cadre réglementaire adéquat notamment à travers la promulgation de la loi 10-95 sur l'Eau et la loi 11-03 relative à la protection et la mise en valeur de l'environnement, et d'autre part, par l'adoption d'un instrument incitatif : le Fonds de dépollution industrielle (FODEP), qui encourage la mise à niveau environnementale à travers un appui technique et financier des entreprises industrielles et artisanales. Cet instrument qui arrive à son terme, est remplacé par un fonds de dépollution industrielle, financé par l'État et décentralisé au niveau des agences des bassins hydrauliques pour la mise en place durant la période 2011-2013.
Repères
  • Si les entreprises sont appelées à multiplier leurs initiatives et leur engagement, les gestionnaires des zones industrielles doivent continuer à avoir un rôle très important dans la gestion de ces espaces.
  • L'idéal serait de créer de nouvelles zones industrielles par secteurs d'activités afin de faciliter la gestion des déchets et son traitement.
  • Au Maroc, il existe une cinquantaine d'entreprises dotées de la norme internationale en matière de protection de l'environnement ISO 14 001.

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