vendredi 5 octobre 2012

Recours aux incinérateurs de déchets : a-t-on évalué les dangers ?


La décision de Amara Benyounes, le nouveau ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville, de doter toutes les villes d'Algérie d'incinérateurs, révolte Azzedine Chenafa, président de l'Association pour la promotion de la qualité et de la protection du consommateur de Sétif (APQPCS), qui a, à travers une correspondance dont El Watan Week-end détient une copie, interpellé, le 30 septembre dernier, le président Abdelaziz Bouteflika.

M. Chenafa appelle le chef de l'Etat à déjouer les plans «du lobby des incinérateurs» : «Vous êtes responsable de la santé de 35 millions d'Algériens, usez de votre pouvoir pour arrêter le lobby des incinérateurs. Tout comme les tenants du nucléaire, ces lobbys présentent l'incinération comme étant sans risque pour la santé humaine et l'environnement. Nous savons aujourd'hui que ce n'est pas le cas.» «Les incinérateurs empoisonnent l'air, le sol et l'eau avec des polluants persistants et mortifères. Toutes les études scientifiques sur la toxicité de ces substances, aux caractères CMR et persistants (cancérigènes, mutagènes, et/ou reprotoxiques) émises par l'incinération dans son pourtour, confirment les risques pour la santé et l'environnement.

Ainsi, les dernières conclusions de l'OMS, de la British Society For Ecological Medecine, et la récente étude épidémiologique de l'Institut national de veille sanitaire (France) mettent en évidence une relation très significative entre l'exposition aux panaches des incinérateurs et l'augmentation des différents cas de cancer chez les populations riveraines», précise le représentant des consommateurs. Il enfonce le clou en déclarant : «Face à la gravité de cette décision prise par le ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de la Ville, sûrement mal conseillé, nous, défenseurs des consommateurs et de l'environnement, disons que le ministre est en infraction vis-à-vis de notre propre législation.» Et de citer : «Le décret exécutif n°07-144 du 19 mai 2007 fixant la nomenclature des installations classées pour la protection de l'environnement, la loi n° 01-19 du 12 septembre 2001 relative à la gestion, au contrôle et à l'élimination des déchets, la convention de Stockholm, adoptée le 23 mai 2001 et ratifiée par l'Algérie, sur les produits organiques persistants.»

Le président de l'Association des consommateurs a ajouté à son argumentaire le compte rendu du rapporteur onusien sur les conséquences néfastes des mouvements et déversements de produits et déchets toxiques et nocifs, daté de juillet 2011, qui recommande que «dans la mesure du possible, l'incinération en tant que méthode d'élimination des déchets médicaux dangereux soit remplacée par des méthodes d'élimination plus respectueuses de l'environnement et plus sûres. L'autoclavage, par exemple, est une méthode écologiquement rationnelle pour traiter les déchets infectieux, qui est relativement peu coûteuse en termes d'investissement et d'exploitation».
Kamel Beniaiche
El Watan, le 05/10/2012

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